L’horloge de Thonne-la-Long, berceau de la famille Lepaute
Jean-André Lepaute est le premier horloger de la famille Lepaute.
Jean-André Lepaute est le premier horloger de la famille Lepaute. Né en 1720 à Thonne-la-Long, il quitte très jeune son petit village des Ardennes pour faire son apprentissage à Paris. Reçu Maitre Horloger en 1755, avec la charge d’Horloger du Roi, ses affaires sont florissantes. Il fait venir de Thonne-la-Long son frère Jean-Baptiste Lepaute, puis ses neveux les uns après les autres. Ils embrassent le métier d’horloger, avec le succès que l’on connait et le transmettent à leurs propres enfants.

En 1876, Augustin Henry-Lepaute, dont nous avons déjà fait connaissance, et son cousin Gabriel Lepaute (tous deux petits-neveux de Jean-André et Jean-Baptiste, vous me suivez ?) décident d’offrir au village natal de leurs aïeux une splendide horloge d’édifice construite à Paris par les fils d’Augustin, Léon et Paul Henry-Lepaute, horlogers de la Ville de Paris.

Classée aux Monuments Historiques, cette horloge exceptionnelle n’est plus en fonctionnement depuis peu et attend une restauration qui lui permettra de fonctionner à nouveaux, redonner l’heure aux habitants de Thonne-la-Long et être conservée pour les générations à venir.


Lepaute ou Henry-Lepaute ?
La famille Lepaute compte plus de 15 horlogers sur 6 générations. Beaucoup d’entre eux s’appellent Jean-quelque chose, ou portent des surnoms… il n’est pas toujours simple de s’y retrouver, de savoir "qui est qui" et qui a fait quoi. Qui plus est, le nom même ne semble pas certain : Lepaute ou Henry-Lepaute ? Jusque sur les cartels du Louvre, on peut lire une erreur assez répandue : prénom Henry, nom Lepaute. Or cette personne n'a tout simplement jamais existée. Je vais vous expliquer.
Les deux premiers horlogers de la famille, Jacques Lepaute (dit Bellefontaine) et Jean-André Lepaute, cousins germains, quittent leurs Ardennes natales pour devenir horlogers à Paris vers 1740. Leurs parents s’appelaient Paute, c’est sans doute par coquetterie qu’ils ont légèrement modifié leur nom en ajoutant un petit « le ». Ils ont dû penser que c’était plus stylé, plus adapté à leur nouvelle vie parisienne.
Jean-André, devenu horloger du roi Louis XV, fait venir à Paris son frère Jean-Baptiste ainsi que plusieurs de ses neveux pour travailler avec lui. L’un de ses neveux s’appelait Pierre Henry.

Augustin Henry, fils de Pierre, né en 1800, horloger de son état comme son père, ses oncles et ses cousins, authentique Lepaute par sa grand-mère et par sa femme (il épouse sa cousine Anaïs Lepaute) aurait sans doute préféré s’appeler Lepaute que Henry, le nom est prestigieux, c’est plus vendeur quand on est horloger au début du XIXème siècle, mais en ces temps reculés, le patriarcat, l’héritage du nom du père, tout ça tout ça, bref. Au début de sa carrière il signe ses pendules « Henry neveu Lepaute ». Horloger attitré de Napoléon III Augustin est autorisé par l’empereur à ajouter officiellement « Lepaute » à son patronyme en 1854. A partir de là, on voit apparaitre la signature « Henry-Lepaute » sur les cadrans des horloges de la maison.
Certaines réalisations d’Augustin seront pourtant signées seulement « Lepaute », comme cette petite pendule de voyage qui a appartenu à Napoléon III et qui appartient aujourd’hui à la collection royale d’Angleterre. Au XXème siècle, la plupart des horloges qui sortent des usines Henry-Lepaute portent également simplement le nom « Lepaute » sur le cadran.

Augustin Henry-Lepaute a fait entrer la petite entreprise artisanale dans l’ère de la modernité, équipant de régulateurs les gares des toutes nouvelles voies de chemins de fer en France. Il s’associe également avec Augustin Fresnel pour mettre au point et fabriquer les lentilles de phares que l’on construisait alors sur toutes les côtes du globe, mais ceci est une autre histoire…